Le Royaume-Uni a clairement annoncé la couleur : pas question de se plier à la politique d’accueil de quotas de migrants prévue dans le plan d’action pour l’immigration et l’asile, présenté mercredi par la Commission européenne. Le ministre de l’Intérieur britannique Theresa May va même plus loin :« Les migrants qui tentent de gagner l’Union européenne en traversant la Méditerranée devraient être renvoyés », estime-t-elle dans une tribune accordée au Times, s’opposant ainsi fermement aux déclarations de la haute représentante de l’Union européenne pour la politique extérieure et de sécurité, Federica Mogherini, selon laquelle « pas un seul réfugié ou migrant intercepté en mer ne sera renvoyé contre son gré ».
Cette proposition apparaît suicidaire face au déferlement record de naufragés qui ne fera que s’intensifier durant l’été. Depuis le 1er janvier, 25.375 ont déjà été repêchés. Selon le directeur exécutif de Frontex, Fabrice Leggeri, entre 500.000 et un million pourraient tenter la traversée en 2015. L’Union européenne prétend vouloir renforcer le retour des clandestins non autorisés à rester… mais 80 % sont potentiellement éligibles au droit à l’asile. Instaurer des quotas serait illusoire : les deux tiers veulent aller en Allemagne ou en Suède et refusent toute autre destination. Pour Valentin, Camerounais, c’était la France et rien d’autre :« Je ne suis pas venu pour aller en Pologne ou en Roumanie ! » dit-il à BFM.
En Hongrie, où l’immigration explose ces derniers mois, le Premier ministre Viktor Orbán a prévu de consulter la population par référendum : « Nous demanderons aux gens s’ils préfèrent que les immigrants clandestins soient mis aux arrêts, ou s’il faut les expulser immédiatement. » Il ne mâche pas ses mots contre le projet « insensé » de l’Union européenne, qui pourrait toutefois être compromis par les dérogations dont bénéficient le Royaume-Uni, l’Irlande et le Danemark, dispensés de se conformer à la politique migratoire européenne. « Nous devons – et nous le ferons – résister aux appels en faveur du transfert et de la réinstallation des migrants à travers l’Europe. Cette attitude ne fera qu’inciter les groupes criminels à poursuivre cette traite ignoble », insiste Theresa May.
L’Asie du Sud-Est doit, elle aussi, affronter un afflux « sans précédent » de réfugiés. Pas moins de 25.000 Rohingyas (minorité musulmane) ont pris la mer au premier trimestre 2015. Environ 8.000 seraient à la dérive. La Thaïlande a mis en œuvre des mesures répressives contre les passeurs ; la Malaisie vient d’annoncer, comme l’Indonésie, qu’elle escorterait hors de ses eaux territoriales tous les bateaux de migrants. Ces pays participeront à un sommet régional organisé à Bangkok le 29 mai et réunissant quinze nations, dont l’Australie, la Birmanie, le Vietnam et les États-Unis.
L’Allemagne et la France appellent de leurs vœux une politique des quotas. Si un tel système était adopté, elles seraient les deux plus gros pays d’accueil avec respectivement 18 % et 14 %, suivies par l’Italie et l’Espagne. Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, affirme que l’Europe, qui compte 24 millions de chômeurs officiels, a besoin de cette main-d’œuvre immigrée. On est abasourdi par ces propos surréalistes. « L’Union européenne devrait travailler à établir des sites d’accueil sécurisés en Afrique du Nord, avec un programme actif de retours », rétorque Theresa May. Le bon sens britannique…